Tribune : pour une culture vivante et populaire accessible à toutes et tous
Depuis 1947, avec la création des comités d’entreprise, aujourd’hui Comités sociaux et économiques (CSE), la culture s’inscrit au cœur des missions sociales du monde du travail. Ce lien historique entre action syndicale et action culturelle n’est pas fortuit : il est l’expression d’une volonté profonde, celle de faire de la culture un levier d’émancipation, d’éducation et de transformation sociale. C’est cette vision fondatrice que nous portons encore aujourd’hui, et qui guide notre engagement à la CCAS, organisme issu de l’histoire ouvrière de l’énergie, résolument ancré dans le mouvement de l’éducation populaire.
Pourquoi, en 2025, la CCAS propose de mettre sur le devant de la scène la question culturelle ? Parce que la culture est menacée. Parce que les attaques budgétaires, les logiques de rentabilité, les coupes dans les subventions publiques, mettent à mal l’accès de toutes et tous à une culture exigeante, vivante, non-marchande. Parce que les artistes, technicien·nes, programmateur·rices, médiateur·rices, tou·tes travaillent dans un écosystème fragile, souvent précaire, trop souvent invisibilisé. Parce que la culture, c’est bien plus qu’un « loisir » : c’est un droit, une parole, un moyen de comprendre et d’agir sur le monde.
Ce texte n’est pas une tribune de plus. Il est une alerte, mais aussi une déclaration politique. Il est l’expression d’un regard singulier, forgé dans l’histoire et la pratique d’un organisme comme le nôtre, à la croisée de plusieurs mondes : celui des arts et de la création, du tourisme social, de l’éducation populaire, des mouvements syndicaux, du travail et des combats pour la dignité humaine. Cette position originale nous donne une responsabilité et une force : celle de créer des ponts, d’inventer des formes, de défendre des lieux et des pratiques culturelles accessibles, critiques et partagées.
Autour de nous, les signaux nous alertent. Le budget du ministère de la Culture est en baisse, quoiqu’en dise la ministre de la Culture Mme Dati (cf le JO), certaines collectivités, régions se désengagent. En 2023, plus de 300 structures culturelles ont vu leurs subventions réduites ou supprimées. Ce sont autant de festivals annulés, de compagnies en sommeil, de projets avortés. Les premiers touchés sont les salarié·es les plus précaires : les intermittent·es du spectacle, dont 45 % vivent déjà sous le seuil de pauvreté, les travailleur·ses techniques de l’événementiel, les petites compagnies, les régies associatives, les lieux hybrides qui font vivre la culture dans les quartiers, les campagnes, les villes moyennes.
La culture est un écosystème : elle ne vit que si tous ses acteurs sont en interaction. Du théâtre municipal à la salle de concert indépendante, du bistrot associatif à l’auberge qui accueille les artistes, des festivals citoyens aux cinémas itinérants, c’est tout un tissu économique, social, et humain qui est en danger.
C’est pourquoi nous lançons cet appel. Nous n’avons pas la prétention de tout résoudre. Mais nous avons la volonté, la mémoire, les réseaux et l’énergie pour faire notre part. Nous invitons toutes les structures, collectifs, syndicats, associations, coopératives, artistes, éducateur·rices, militant·es qui se reconnaissent dans les valeurs de l’éducation populaire, de la justice sociale, de la solidarité, à nous rejoindre.
Ensemble, pensons. Agissons. Solidarisons-nous. Pour peser dans le débat public. Pour maintenir des propositions culturelles partout. Pour inventer des formes nouvelles d’engagement. Pour que la culture ne soit pas un luxe, mais un droit. Pour qu’elle reste, toujours, un outil d’émancipation.
La question n’est donc pas la culture coûte-t-elle ? mais quelle valeur a une société qui n’investit plus dans la culture ?
Tribune initiée par la CCAS & ouverte à cosignature par des responsables associatifs, des mouvements d’éducation populaire, des CSE, artistes, enseignants, chercheurs, syndicalistes, élus locaux et citoyennes et citoyens engagés pour une culture vivante, accessible et émancipatrice.
En quelques mots – La CCAS et la Culture
La CCAS (Caisse centrale d’activités sociales des électriciens et gaziers) mène une action culturelle dense et engagée, axée sur l’accès à la culture pour tous. Elle favorise l’émancipation, le lien social et la démocratie culturelle et fait de la culture un droit et un vecteur de transformation sociale.
En quelques chiffres :
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820 événements culturels par an : concerts, expositions, cinéma, théâtre, débats…
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2 festivals : Visions Sociales (en parallèle du festival de Cannes) et Contre-Courant (en parallèle du festival d’Avignon)
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40 partenariats avec des festivals et des structures culturelles ou d’éducation populaire
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Des propositions numériques (billetterie, médiathèque et librairie en ligne) qui ont conquis plus de 75 000 ouvrants droits
Claude Pommery (Président de la CCAS), Stéphane Brizé (Cinéaste), Robert Guédiguian (Cinéaste), Corinne Masiero (Actrice), Nicolas Philibert (Cinéaste), Gilles Perret (Cinéaste), Clément Dussart pour le GNCR (Groupement National des Cinémas de Recherche), Olivier Bitoun (Directeur de Cinéphare), Olivier Letellier (Directeur des Trétaux de France), Marie Normand (Directrice artistique du festival Momix), Sylvie Jan (Autrice, Présidence de France-Kurdistan), Pascale Dietrich (Romancière, Sociologue), Laëtitia Rouxel (Autrice de bandes dessinées autrice BD), Agnès Binsztok (Directrice éditoriale des éditions Voir de Près et À vue d’œil), Véronique Aubouy (Compagnie Verdurin), Thierry Discepolo (Editions Agones), Valérie Millet (Directrice des Éditions du Sonneur), Jennifer Have (Scénariste et écrivaine), Caroline de Vial (Directrice artistique théâtre du palpitant), Emma Engelhard (Directrice de production de la compagnie Kham), Karine Bellanger (Chargée de diffusion Cie Le désordre des choses), Emmanuelle Laborit et Jennifer Lesage-David (IVT), L’ACID et les 90 cinéastes de l’association, L’ensemble du collectif SFCC (Syndicat Français de la Critique de Cinéma) sous l’impulsion de Marion Dubois-Daras (Responsable de l’administration générale et des évènements), Alan Delmas (Syndicaliste et co-fondateur d’Uzeste musical), Laurine Roux (autrice), Sophie d’Aubreby (autrice), François Da Rocha Carneiro (auteur), Jérôme Vincent (Directeur éditorial des Nouvelles éditions Actusf), Christian Astolfi (auteur), Catherine Labas (libraire), Laurent Petitmangin (auteur), Fanny Spiess, Annabelle Sergent et Christophe Laluque, Scènes d’enfance Assitej France (Association Nationale des Professionnel.les du spectacle vivant jeune public), Simon Kessler (Directeur Green pistes records), Alexandre Slyper (Chargée de production Tapioca Productions), Marie Boillot (Administratrice, compagnie À bout de souffe), Jean-Pierre Créance (CréaDiffusion), Diane Chavelet (Autrice, Metteuse en scène, Enseignante-chercheuse (Cie Paupières Mobiles), Angelique Clairand et Éric Massé, (Co-Direction du théâtre du Point du Jour),Nicolas NAUDE et Sukran AKINCI (Travail & Culture (TEC-CRIAC), Tangui Perron (Historien),Thierry CAQUAIS (Animateur littéraire – Chambéry), Thomas Bauer (Président de l’association des écrivains sportifs), Mychèle Leca (Directrice Association Via grenelle (Festival Racines de ciel), Mathilde Chapuis (Autrice), Simon Rochepeau (Auteur), Hélène Lacassagne (La Ligue de l’enseignement), Sabine Meyer (Présidente association Art’Murs), Marie Blondel, Julien Bonnet, Thomas Gornet (Directeurs Artistiques, Compagnie du Dagor, Espace associatif Charles Silvestre), Arnaud Amat (Directeur La Clique Production), Syndeac (Syndicat Nationale des Entreprises Artistiques et Culturelles), Simon Fleury, Directeur de la Scène Nationale de Dieppe, Laurent Mareschal (Artiste plasticien), Laurent Eyraud Chaume (Le Pas de l’oiseau), Jean-Pierre Abizanda (Délégué artistique de Ciné Rencontres de Prades) ARCALT – Cinélatino (Rencontres de Toulouse), Arnaud Dumatin (Co-Directeur du FEMA, festival du film de la Rochelle), Festival International du Film Politique de Carcassonne, Festival Filmer le travail de Poitiers, Florence Henneresse (Présidente du FEMA – Festival du film de la Rochelle), Christophe Leparc (Directeur de Cinemed, Festival du Cinéma Méditerranéen de Montpellier), Georges Marque-Bouaret (Fondateur et Délégué général du FIGRA – Festival International du Grand Reportage d’Actualité), Sophie Mirouze (Co-Directrice du FEMA, Festival du Film de la Rochelle), Rencontres internationales du Moyen métrage de Brive, Société des Réalisateurs de Films, TAP (Théâtre Auditorium de Poitiers – Scène Nationale), (Méliès, Stéphane Goudet, DA Méliès de Montreuil), Luc Chas (Président de l’Association « Les passeurs d’étoiles »), Céline SIN (Chargée de production / diffusion, Since Production), Judith Depaule (Directrice de l’Atelier des artistes en Exil), Petite Poissone (Street artiste), Agnes dherbeys (Photographe), Dugudus (Artiste affichiste et illustrateur), Erik Lorré (Directeur artistique Fées d’Hiver), Elisa Beiram (Autrice), Daniele Linhart (Sociologue du travail), Yvan Gastaud (Historien, maitre de conférence Université Côte d’Azur Nice)