
« Je vous dépose quelque part ? », de Cécile-Marie Hadrien
éditions Quadrature, 2023.
Nouvelles
« Je vous dépose quelque part ? » ou la thérapie par le covoiturage
De folles rencontres dans un espace confiné : dans « Je vous dépose quelque part ? », Cécile-Marie Hadrien distille en 16 nouvelles sur fond de covoiturage des aventures humaines, certes fugaces mais tellement bénéfiques et nourrissantes dans une société connectée. Un livre choisi par la CCAS pour sa dotation lecture 2025, et une autrice à rencontrer cet été dans vos villages vacances.
Propos recueillis par Stéphane Alesi.
L’histoire de « Je vous dépose quelque part ? »
Gabriel et Apolline sont lassés de la vie. Dans un souci écologique et financier, ils pratiquent tous les deux le covoiturage, chacun de son côté. Petit à petit, au fil de rencontres furtives, souvent inattendues, chacun va finalement se réparer au contact de personnages surprenants. Conflit de générations, incompatibilité d’humeur, débats contradictoires… leur voiture se transforme en une sorte de scène de théâtre, où tout devient possible. Pour des aventures humaines qui resteront gravées à jamais.
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L’interview de Cécile-Marie Hadrien
« Une rencontre, même fugace, peut se révéler extraordinaire ! »
©Nicolas Chanoine
Deux ans après la sortie de votre livre, comment accueillez-vous ce nouveau plébiscite ?
Comme un prolongement de la vie du livre. Et puis, c’est auréolée du prix Christiane Baroche 2024, décerné par la Société des gens de lettres, que je vais me présenter aux bénéficiaires cet été ! Je suis très honorée d’avoir reçu cette distinction prestigieuse. J’ai aussi été finaliste du prix Lauzerte.
Seize nouvelles, deux personnages centraux, des rencontres dans la temporalité… Pourquoi avoir choisi ce style d’écriture ?
J’aime bien l’idée de contrainte. Dans la trilogie de romans que j’ai écrite précédemment, j’avais déjà choisi ce procédé du huis clos et du temps resserré. Je l’ai repris pour ce livre : chaque histoire est aussi un huis clos. Elle se déroule dans une des deux voitures, selon un rythme précis, la temporalité du trajet et une alternance entre les narrateurs.
Outre les rencontres qui se succèdent, j’ai souhaité écrire beaucoup de dialogues. L’idée était d’être dans l’intériorité des narrateurs, qui se dévoilent et se découvrent grâce à la rencontre avec leur passager. C’est un peu comme des saynètes au théâtre.
Qui sont Gabriel et Apolline ? Des personnages entièrement sortis de votre imaginaire ?
Je me nourris beaucoup de la matière de ma vie. J’ai pratiqué moi-même le covoiturage, en tant que conductrice. On pourrait penser qu’Apolline, c’est un peu moi. De fait, elle me doit un peu et je lui dois certainement aussi un peu. Et il est certain que j’utilise le détour de la fiction pour laisser passer des choses qui m’ont traversées. Gabriel n’est pas quelqu’un que j’ai rencontré. Mais je l’avais tellement construit, je le voyais tellement libre que j’aurais bien aimé le rencontrer. Ce personnage purement imaginaire, je le désirais.
Au fil de leurs aventures respectives, tous deux vont se dérider, se libérer de certaines névroses… Est-ce l’éloge de la rencontre, de la découverte de l’autre que vous avez souhaité mettre en avant ?
Ce qui m’intéresse, c’est la relation à l’autre, la rencontre. Et le moment où les personnages sont dans une phase d’introspection, de basculement. Gabriel et Apolline ne sont pas très épanouis dans leur vie. Or, dans les rencontres, tout n’est pas lisse. Il peut y avoir certaines aspérités. Des petits chocs relationnels. C’est ce que j’aime observer. La magie de la rencontre tient à tellement peu de choses.
Et finalement, de rencontre en rencontre, de récit en récit, tous deux se réparent un peu. La rencontre a une vertu thérapeutique. On les voit évoluer car on les voit dans la réalité de leur quotidien. Autant ils rendent service à leurs passagers, ils leur font du bien, autant les autres leur apportent aussi quelque chose.
Vous évoquiez la temporalité. Selon vous, à l’instar de Gabriel et Apolline, est-ce la furtivité des rencontres qui rend l’acceptation de l’autre et de sa différence plus facile ?
Tout à fait. Ça ne dure que le temps du trajet. Qu’on prenne quelqu’un en covoiturage ou en stop, on ne sait pas forcément qui va monter à nos côtés. Mais on sait que cela prendra fin. Et il est alors possible d’accepter ce que l’on n’accepterait pas dans d’autres circonstances. Cela dit, je pense qu’on doit être ouvert à l’humain et à ses différences.
Plus largement, est-ce un plaidoyer pour l’échange ?
Ces moments de vie, certes furtifs, sont nécessaires. Nous sommes de manière générale très isolés dans nos vies. Le Covid, l’augmentation du télétravail ont accentué ce phénomène. Aussi ces brèves rencontres sont indispensables. Nous sommes des animaux sociaux ! Et on ne peut pas vivre complètement seul. On a besoin de contacts. Une rencontre, même fugace, peut se révéler extraordinaire, que ce soit dans un train, un aéroport, etc., elle peut éclairer notre journée. On peut même vivre des choses inoubliables, des petits coups de foudre.
Justement, le livre parle d’amour. Et souvent de façon implicite.
L’amour, ce n’est pas forcément une histoire amoureuse. L’amour peut se caractériser par le partage humain. Nous avons tous quelque chose à partager avec les autres. Et, même lorsque ça se passe mal entre des personnes, il se passe toutefois quelque chose. Je m’intéresse beaucoup aux conflits également. Et sur la route d’ailleurs, on peut parfois « s’engueuler » très fort !
Qu’attendez-vous des rencontres avec les agents des IEG et leur famille ?
J’affectionne toujours la rencontre avec les lecteurs. J’aime l’idée qu’ils s’emparent du livre et qu’ils me surprennent sur des choses que je n’ai pas vues. Je trouve cela intéressant car cela signifie que le livre a une vie propre.
Des livres à lire, des auteurs à rencontrer
Cet été, des auteurs et autrices de la dotation livres CCAS 2025 viennent à votre rencontre dans les villages vacances.
Découvrez leur univers grâce à nos interviews.
Une sélection de livres pour vous accompagner tout l’été
Cette année, de nouveaux titres ont été sélectionnés par la CCAS pour intégrer les bibliothèques des villages vacances, la Librairie et la Médiathèque des Activités sociales : romans, polars, documentaires, bandes dessinées, mangas, poésie, science-fiction, dont des ouvrages en gros caractère… il y en a pour tous les goûts !