« Les pionniers » : retour sur les Trente Glorieuses des Activités Sociales

Que raconte ce troisième album d’ »Une histoire de solidarités » ?

On retrouve Juliette, la petite-fille de Roland, qui est désormais décédé. Avec son père et des amis de son grand-père, réunis pour vider sa maison, ils vont évoquer le défunt et leurs souvenirs communs, mais aussi leurs expériences de vie avec les Activités Sociales. L’un d’entre eux raconte par exemple que, dans les années 1970, Roland l’avait convaincu de suivre la formation « Expression écrite et orale » avec l’Iforep (Institut de formation, de recherche et de promotion) et comment cette rencontre avec l’écriture avait changé le cours de sa vie, l’amenant à aller au théâtre pour la première fois et peu à peu à s’émanciper. Une autre amie embraie sur ses premières vacances à Saint-Quay-Portrieux, le vent qui emporte la toile de tente, le sable qui s’invite à demeure…

Ces discussions entre « anciens » sont également le prétexte pour rappeler d’autres épisodes clés de l’histoire des électriciens et gaziers : les premières vacances à la neige dans les années 1960, la mobilisation des agents EDF durant la tempête de 1999…

Oui, et il est également question de l’inclusion des enfants handicapés dans les colonies de vacances. Marianne Boyer, médecin conseil de la CCAS, qui a mis en œuvre ce dispositif au début des années 1970, est d’ailleurs un des personnages de la BD. Elle raconte à Juliette la genèse des séjours Pluriel.

Il y a aussi une anecdote savoureuse sur une action menée durant le mouvement social de 1995. Les grévistes avaient creusé un trou – le légendaire « trou de la Sécu » – devant l’entrée d’un bâtiment EDF-GDF. Il était censé empêcher d’accéder aux lieux l’huissier chargé de constater que les salariés pouvaient entrer dans l’immeuble. Quand on parvient à allier luttes sociales et humour, je trouve ça assez génial !

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Comment avez-vous été amenée à travailler sur ce projet ?

J’ai travaillé sur des thématiques similaires, notamment sur « Des graines sous la neige », une biographie en bande dessinée de la communarde et féministe Nathalie Le Mel. Je connaissais et j’appréciais le travail de Simon Rochepeau. Mais j’ignorais tout de l’histoire des Activités Sociales.

Je me suis rendu compte qu’il y a eu comme une brèche historique : une période durant laquelle on a pu faire beaucoup de choses en matière de justice sociale. Je cherche toujours à voir comment il est possible de faire bouger les lignes et de rétablir un équilibre entre les plus riches et les plus pauvres. L’accès à la formation, à l’inclusion sociale m’intéresse également, donc le projet me correspondait bien.

Vous considérez-vous comme une dessinatrice engagée ?

On me pose souvent cette question, donc ça doit être le cas (rires) ! Je me sens surtout très concernée par tout ce qui est injuste. Et par mon métier, je pense que je peux faire bouger les lignes encore une fois. Je suis également scénariste et j’aurais du mal à faire une bande dessinée qui ne serait que divertissante. Mes derniers albums tournent autour des préoccupations écologiques, qui sont évidemment très liées aux injustices sociales.

L’idée n’est pas de convaincre, mais de proposer d’autres choses. Je ne dis rien dans mes albums. Ce sont des récits joyeux, qui incitent à agir et à proposer des alternatives qui vont dans le sens de la vie et de la justice sociale

Que retenez-vous de cette expérience ?

Qu’elle n’est pas terminée ! Car, cet été, Simon et moi, nous partons en tournée dans les villages vacances de la CCAS. Ça va être un plaisir de parler de cette aventure et de répondre aux questions des agents. J’ai été très étonnée et agréablement surprise en tant que lectrice d’apprendre tout ce que les Activités Sociales ont accompli au long de leur existence !